Publié le
29
April
2024
Mise à jour le
18
minutes

Interview : Alexis Prat de Boomrang Gifts

Stephanie
Menezes
Alicia
Birouste

Dans cette interview, découvre le parcours d’Alexis Prat, fondateur de Boomrang et Albus Factory. Un entrepreneur qui embrasse les défis, pivote avec assurance quand c’est nécessaire et n’hésite pas à mettre les mains à la pâte pour développer ses projets avec Bubble. Reste avec nous !

Si tu préfères écouter l’interview plutôt que de la lire, on propose aussi la version en audio :

Sans le NoCode, on n'aurait pas réussi à pivoter. S’il nous avait fallu 6 mois pour développer un site Internet, c’était déjà trop tard ! On a été capable de monter notre offre en 1 mois.” - Alexis Prat

Bonjour Alexis. Est-ce que tu peux te présenter et nous parler de ton parcours ?

Oui, avec plaisir. J'ai 30 ans, je suis entrepreneur depuis 7 ans maintenant. J'ai toujours voulu monter des boîtes. Dès 18 ans, j'avais essayé de monter le Uber de la livraison des petits-déjeuners le dimanche matin.

Avec un ami, on a lancé un site Internet en code classique et le week-end, on se retrouvait à faire du vélo entre 6h00 et 9h00 du matin pour livrer des croissanteries aux quatre coins de la ville. C'est comme ça que j'ai découvert l'entrepreneuriat. Ensuite, j'ai fait une école de commerce post-bac. J'ai fait un échange en 2015 au Brésil qui était très formateur parce que j'ai décidé de partir au Brésil sans parler un mot de portugais. C'était une belle expérience de vie. Et c'est aussi là-bas que j'ai découvert l’Escape Game. J'ai découvert l'activité où, pour ceux qui ne connaissent pas, vous êtes enfermés dans une salle par équipe et vous avez une heure pour réussir à en sortir en résolvant des énigmes dans des univers scénarisés.

Il y a un Escape Game, par exemple, dans Paris qui ont racheté un métro à la RATP, qu'ils ont reconstruit dans un appartement pour avoir les vrais décors et donc il faut réussir à en sortir avant la catastrophe. J'ai trouvé ça super sympa et je me suis dit qu'il y avait une vraie opportunité parce que c'est une activité qui plaît à tout le monde. Il n'existait aucun acteur qui permettait de réserver des Escape Games en France. Lorsque j'ai débuté ma quatrième année d’études, tout de suite, j'ai travaillé sur cette idée de lancer le premier coffret cadeau Escape Game. C'est comme ça que mon parcours a débuté.

Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur Boomrang Gifts ?

Après mon séjour au Brésil, j'ai lancé le 1er coffret cadeau Escape Game. Là j’ai trouvé mon premier problème : Il fallait un site Internet pour lancer mon projet et j'avais différentes possibilités. Soit, il fallait m'associer avec un développeur, donc lâcher 30% de la boîte. Déjà, un, je ne connaissais pas de développeur dans mon réseau et c'est toujours un petit peu compliqué de lâcher 30% “juste pour le côté technique”. La deuxième possibilité, c'était de payer 30 000€. Je n'avais pas d'argent. Mes parents ne pouvaient pas m'aider au lancement de l'entreprise. Je l'ai vraiment lancé avec 1 000€ et on s'est développé en autofinancement.

Et dernière option qui me restait, c'était d’apprendre à coder. Je suis très optimiste, très autodidacte et donc je me suis dit : Je vais apprendre à coder ! J'ai commencé à m'inscrire sur des formations dans l’Open Classroom, à suivre un cours de PHP, etc. Au bout de deux semaines intensives, j'ai affiché “Hello World” en rouge, en gras, au milieu de la page. J'étais super fier mais je me suis dit qu’il allait me falloir deux ans pour bâtir mon site Internet. C'est à ce moment-là que j'ai découvert Bubble et le NoCode. On est en 2016. Tout de suite, j'ai hyperaccroché dans l'outil. Il y a une courbe d'apprentissage importante. Il faut six mois à un an avant de bien maîtriser l'outil mais ça permet de lancer tout ce qu'on veut 10x plus vite et 10x moins cher qu'avec du code classique. Donc, c'est comme ça que tout a commencé.

J'ai commencé à développer le premier site internet moi-même. On a lancé nos coffrets tout de suite en grande distribution à la FNAC, chez Cultura. On s'est développé. Depuis, on a lancé toute une gamme de coffrets cadeaux liés aux jeux immersifs. On a des coffrets réalité virtuelle, des coffrets coaching e-sport, coaching Poker, Saut en parachute etc.

On était sur une bonne trajectoire avec nos coffrets cadeaux. On a fait 100 000€ de CA la première année, 300 000€ la deuxième. En 2019, on a fait notre meilleure année, on a fait 750 000€ de chiffre d'affaires sur nos coffrets cadeaux. Et en 2020, comme vous le savez, le COVID est arrivé. On s'est retrouvé avec un produit lié au loisir, sauf que tous nos partenaires Escape Games ont dû fermer. Nos distributeurs à la FNAC/ Cultura s'étaient fermés et du jour au lendemain, toute l'activité s'est arrêtée. On a fait 30% du chiffre d'affaires qui était estimé sur cette année 2020. Avec nos coffrets, on travaille déjà avec des entreprises à qui on vend ces coffrets cadeaux. On est en plein Covid, c'est anxiogène. Les salariés sont tous seuls chez eux. Il n’y a plus de liens sociaux au cœur de l'entreprise.

On s’est adapté et on a pivoté, on s'est lancé sur l'organisation d'événements virtuels pour les entreprises en plein Covid. Concrètement, on a fait jouer tout type de team building sur Zoom, sur Teams. On a fait jouer aux entreprises des Escape Games, des quiz, des cours de cuisine. On a envoyé des kits de cuisine aux quatre coins du monde avec des chefs qui animaient. C'était au final, pour nous, une super période parce qu'on a réussi à pivoter. C'est la première année et on a fait plus de 1 200 événements avec des entreprises. Là, on a tout défoncé par ce pivot qui est aussi grandement lié au NoCode.

Sans le NoCode, on n'aurait pas réussi à pivoter. Parce que s'il avait fallu développer un site Internet et qu'on avait été prêts 6 mois après, c'était déjà trop tard. Tout de suite, on était capable de monter notre offre.

On a été frustré par la qualité des Escape Games digitaux proposés, la plupart c’était des simples PowerPoint où un animateur défilait les slides. On a alors décidé de créer nos propres jeux, nos propres Escape Games à faire jouer à nos clients sur Bubble. Un peu comme dans un jeu vidéo, chaque joueur se connecte sur un lien unique, rejoint son équipe et doit collaborer avec les membres de son équipe pour avancer dans le jeu.

Au total, on a fait jouer jusqu’à 30 000 personnes en même temps en live sur des visios. Donc ça, c'est l'aventure de la deuxième entreprise qu'on a lancée en plein COVID.

Boomrang Events, c'est ça ?

Boomrang Events, c'est ça ! En gardant une cohérence dans la marque avec d'un côté Boomrang Gifts, les coffrets cadeaux, et Boomrang Events sur cette activité d'événementiel.

C'est vrai que la flexibilité du NoCode est idéale pour pouvoir pivoter ! Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus au niveau du business model que tu as mis en place pour Boomrang Gifts ?

Complètement. Il y a aussi un fil rouge dans tout ce qu'on essaye de faire chez Boomrang, on essaye de s'attaquer à des marchés qui sont anciens, qui sont contrôlés par des acteurs et on n’aime rien de plus que les marchés monopolistiques.

On est très Lean Startup, on fait tout étape par étape. Quand on a commencé, on vendait que des PDFs, on n'avait même pas de coffret cadeau physique. C'est l'argent de nos premières ventes, des premiers PDF qu'on a vendu en ligne, qui nous a permis d'imprimer nos premiers coffrets cadeaux chez un imprimeur en ligne. À l'époque, c'était moi qui montais tous les coffrets devant la télé.

Ensuite, avec l’argent de ces ventes, on a pu imprimer aussi nos autres coffrets cadeaux de manière plus professionnelle. On a tout fait étape par étape.

Nos coffrets cadeaux sont valables 99 ans. Vous ne le perdez pas. Et surtout, on n'a aucune condition cachée. Avec tous nos partenaires, les coffrets cadeaux sont valables quand vous voulez. On fait en sorte d'avoir des partenaires à proximité dans n'importe quelle ville et on fait tout pour que vous l'utilisiez. C'est-à-dire qu'on vous relance par mail et vous pouvez changer vos coffrets. Si vous ne l'utilisez pas, tant pis pour vous, mais moi, j'aurais fait mon métier, j'aurais tout fait pour que vous les utilisiez. C'est la vision qu'il y a derrière Boomrang Gifts.

C'est hyper intéressant de voir que vous y avez été étape par étape. Vos premiers clients ou vos premiers utilisateurs de box, comment vous êtes allés les chercher ?

C'est une bonne question ! En plus, j'ai fait mon mémoire de fin d'étude sur le Lean Startup. Le Lean Startup c'est : On va tester le plus rapidement possible à moindre coût et si on valide le test, on va continuer dans cette voie-là. Si on ne valide pas, on va itérer et on va partir sur autre chose.

C'est vraiment un peu le mantra qu'on a chez Boomrang, c'est dans la plupart de nos actions. Il y a plein de produits, par exemple, qu'on a vendus avant de les avoir créés. Et c'est un peu la même chose dans l'histoire de la boîte. Quand j'ai eu cette idée de coffret cadeau d’Escape Game, il fallait d'abord valider que les Escape Games étaient intéressés par ce type de nouveaux produits. Je savais qu'il y avait un marché parce que chaque Escape Game vendait déjà ses propres bons cadeaux. Et il y a une particularité aussi dans le monde des Escape Games, c’est que tu peux le jouer qu'une fois. C'est-à-dire que si tu offres à un ami un Escape Game qu’il a déjà fait, ça ne sert à rien parce qu'il a déjà vécu l'expérience. En laissant le choix avec un coffret cadeau qui permet d'offrir non pas un Escape Game en particulier, mais le choix parmi plus de 500 Escape Games qu'on a sélectionné partout en France, je savais que ça allait se vendre. Donc il y avait “moins de risques” du côté client. L'enjeu, c'était plus de faire adhérer les partenaires au projet. Donc on a fait au bluff, c'est-à-dire que j'ai appelé un premier Escape Game, c'était Fox in a Box Nice, qui est toujours partenaire chez nous aujourd'hui. Et donc à l'époque, j'étais encore étudiant en première année de Master. Mon logo, je l'avais fait sur Paint, j'avais une adresse Gmail, je n’avais pas de site Internet. Et en fait, j'ai validé l'idée, j'ai appelé Fox in a Box Nice et je lui ai raconté le projet. Donc “Bonjour, je lance le premier coffret cadeau Escape Game, on a déjà des partenaires à Paris et on sera présents à la FNAC en décembre. Ça va vous rapporter des clients, c'est gratuit, vous allez avoir de la visibilité, etc.

Je leur ai dit : “Je vais vous envoyer mon contrat de partenariat. Dans notre contrat, il y a une exclusivité d'un an. Il faut me le renvoyer signé la semaine prochaine”. Et donc, Fox In a Box Nice m'a renvoyé le contrat alors que je n'avais encore rien mis en place. Et à partir de ce moment-là, je me suis dit qu’il y avait une opportunité. Donc la première étape était de travailler avec mon associé de l'époque sur la construction d'un site Internet et la signature de ses partenariats avec les Escape Games. On a construit l'offre et puis on s’est occupé du SEO. On a créé la boîte en février 2017. En mars 2017, on a eu la première vente sur quelqu'un qu'on ne connaissait pas, qui a acheté le coffret, un premier coffret sur le site Internet. On était un petit peu choqués parce qu'à l'époque, le site ne ressemblait absolument à rien.

Par la suite, jusqu'à juin, on a fait une vingtaine de ventes sur le site internet. Ça se lançait tranquillement. Et aussi, à peu près dans la même période, en mai-juin, on a découvert le B2B. On a commencé à travailler avec des plateformes revendeurs de billetterie pour les comités d'entreprise. Et là, la première, c'est Kalidea, on leur a vendu notre concept. Eux, ils étaient intéressés par la proposition des Escape Games, mais ils n’avaient pas envie de bosser avec les 300 Escape Games partout en France. Ils voulaient un acteur au-dessus du marché comme nous. Aujourd'hui, on est toujours les seuls à pouvoir proposer de la billetterie partout en France sur des Escape Games. Et en fait, Kalidea nous a achetés pour, je crois, que c'était 8 000€ de coffrets, alors qu'à l'époque, on avait vendu 2 000€ sur 6 mois sur le site Internet.

C'était vraiment ce qui a lancé la boîte, parce qu'en commandes en ligne, on a fait 4x plus que ce qui avait été fait sur le site Internet. Et c'était avant que les coffrets soient revendus à FNAC, Cultura et compagnie.

Pourquoi tu as choisi Bubble ? Il y avait ce côté plus rapide mais est-ce qu'il y a autre chose qui a aiguillé ton choix sur Bubble ou était-ce le hasard ?

Je pense que c'est vraiment le hasard. Je sais qu'à l'époque, il y avait Wix mais c’était beaucoup trop limité. Parce qu'il y a quand même un côté tech à nos coffrets cadeaux, c'est-à-dire que chaque coffret cadeau à un code unique. Il est identifié par deux codes. Chacun de nos partenaires possède un espace sur un site Internet et c'est le partenaire qui valide l'utilisation du coffret en rentrant le code pour pouvoir être payé.

Il y a quand même une particularité de développement assez costaud et il y a peu d'outils NoCode autres que Bubble qui permettaient de le faire. Je pense qu'à l'époque, j'avais tapé “Best NoCode Tools” parce qu'en français il n’y avait quasiment rien. J'étais tombé sur un article américain et, tout de suite, j'ai recouru à Bubble. Et déjà à l'époque, en 2016, c'était bluffant ce que ça permettait de faire. C'est-à-dire que l'outil était moins évolué qu'aujourd'hui, mais il y avait toujours un moyen détourné pour arriver à tes fins.

Aujourd'hui, est-ce que vous utilisez d'autres outils NoCode au quotidien ? Est-ce que vous avez d'autres outils dans votre stack actuel ?

Oui, dans notre stack le site est sur Webflow qui est plus simple à prendre en main que Bubble pour du site vitrine. Et on utilise Make pour tout ce qui est automatisation. On automatise tous nos services et on est de plus en plus présents sur l'intelligence artificielle. Donc, on connecte de plus en plus ChatGPT avec Make et avec nos différents services.

Quel a été le plus gros challenge pour la réalisation du projet ? Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

On a eu une période sur les 4, 5 premières années où tout paraissait logique. Bien sûr, il y a eu des ajustements, mais chaque étape en suivait une autre. On a continué la progression, on a continué à grandir un peu étape par étape. La difficulté, c'était qu’il a fallu se réinventer pendant le COVID, mais très vite grâce à NoCode, on a su pivoter et donc on s'est tous mis à bosser sur cette partie d'événementiel virtuel. Au final, on a fait 3x plus de chiffre d'affaires la première année grâce à nos événements virtuels que ce qu'on faisait avec les coffrets. Le COVID était, au final, la meilleure période même si les coffrets étaient à l'arrêt. La difficulté qu'il y a pu avoir, c'était l’après. C'est-à-dire qu'une fois que le COVID s'est terminé, il a fallu se réinventer de nouveau parce que les coffrets ont dû repartir, donc il a fallu ne pas les mettre de côté, structurer, trouver une équipe indépendante qui gère la partie coffret.

Il a fallu évoluer sur la partie événementielle, parce qu'on fait beaucoup moins d'événements virtuels que pendant le COVID. On s'est lancé sur tout ce qui est événementiel d'entreprises en physique, les teams building, les séminaires, les soirées, où là, c'est un vrai autre métier. Il a fallu recruter les bonnes personnes, se structurer, etc. C'est toujours un enjeu d'évoluer au bon moment, d’évoluer et d’apprendre.

C'est vrai qu'avec la méthode du Lean Startup, ça aide aussi peut-être à aller dans ce sens. Peut-être que sans ce mindset, tu n’aurais pas eu l'idée de pouvoir rebondir comme ça.

Je pense aussi, c'est vraiment ce que j'essaie de créer aussi. Aujourd'hui, chez Boomrang, on fait des coffrets cadeaux, de l'événementiel et de la création de jeux sur mesure. Demain, on pourra faire des choses complètement différentes. Les gens que je recrute, je ne veux pas leur fixer de limites. S'ils arrivent un matin avec une bonne idée, on peut partir en mode projet, lancer une nouvelle boîte à côté. Et ça fait vraiment partie de notre ADN.

On n'aime pas les choses établies, on n'aime pas les statu quo, on aime en sortir, on aime être créatif. Et pour rebondir sur ce que tu disais d'un point de vue de la difficulté, c'est-à-dire que quand on a une idée, on fonce, on est la tête dans le guidon. Des fois, c'est important de pouvoir en sortir un peu, prendre un peu de hauteur et pouvoir analyser ce qu'on est en train de faire et prendre les bonnes décisions. C'est peut-être ça les difficultés qu'on a eues sur les premières années, c'est d’être capable de sortir de cet état où on fonce, on sait où on veut aller pour prendre les bonnes décisions.

Maintenant, avec le recul, vous avez peut-être gagné en maturité aussi pour être moins rentre-dedans, on va dire, et vous poser d'autres questions qui ne se posaient pas à l'époque.

Oui, complètement. Savoir quand se les poser. C'est-à-dire que je veux garder cette mentalité où on fonce, quand on a une idée, on va 300 fois plus vite que les autres. Par contre, on sait à quel moment il faut se poser des questions, prendre les bonnes décisions, peut-être plutôt que ce qu'on faisait à l'époque.

Tu as dû recruter. Est-ce que c'est la même équipe pour toutes les boîtes ou tu as vraiment des équipes dédiées pour chacune ?

Alors, avant le COVID tout le monde était sur les coffrets. Le COVID est arrivé, tout le monde est passé sur les événements. En urgence, on a tous changé de métier, on est tous sortis de notre zone de confort. Par exemple, Théo, le premier salarié, a été recruté pour appeler les Escape Games partout en France et les faire signer notre contrat de partenariat. Le jour où on a lancé l'activité virtuelle, il s'est retrouvé animateur. Nos premiers quiz, c'est Théo qui était derrière l'écran, qui était en train d'animer devant 200 personnes en anglais, en espagnol, etc. Moi, je me suis retrouvé aussi à animer beaucoup d’événements. Je me rappelle d’un, c'était génial, c'était un événement anglo-japonais, avec une boîte japonaise qui avait une antenne à Londres. J'animais en anglais sur fond vert, au bureau, avec une caméra en mode studio. À côté de moi, j'avais une traductrice qui traduisait tout ce que je disais en japonais. Et on avait des gens qui jouaient à 8h00 du matin à Tokyo et d'autres, il était 17h00 à Londres.

Et à la fin du Covid, il a fallu se spécialiser parce que comme les coffrets repartaient, ce n’était pas envisageable de se dire qu’on allait continuer à tout faire. Aujourd'hui, j'ai vraiment mes équipes qui sont dédiées par activité. J'ai une équipe pour les coffrets, une équipe pour l'événementiel et j'ai une équipe sur une troisième boîte qui est séparée, dédiée à la création de jeux sur mesure. Les seules fonctions qui sont mutualisées entre la partie coffret et événementiel, c'est le marketing et la tech qui interviennent sur les deux.

Vous êtes combien en tout aujourd'hui ?

Aujourd'hui, on est une vingtaine sur les trois structures. C'est vrai qu'on a beaucoup de boulot, mais j'estime aussi qu'il vaut mieux être une équipe resserrée. Il vaut mieux avoir les 20 bonnes personnes que d'être 120 dans un bureau et puis d'être pas forcément efficace. C'est Jeff Bezos qui a dit: “Dans une équipe, quand tu as plus de deux pizzas à commander pour un afterwork, c'est qu'on est beaucoup trop”. Et donc, on essaye de garder cet ADN chez Boomrang, de fonctionner par petites équipes, petits bureaux. On a un bureau dans Paris qui est divisé vraiment par des pièces de chaque entreprise. Dans la stratégie que je suis en train de prendre, je veux donner de plus en plus sa propre idée, sa propre identité à chaque structure, avec presque ses propres valeurs, ses propres manières de fonctionner. C'est-à-dire qu'on partage les mêmes bureaux, mais par exemple dans l'activité événementielle, ils sont beaucoup plus rigides sur les horaires que dans l'activité de création. Chacun vient à l'heure qu'il veut, tant qu'il fait son travail. Chacun fait ses horaires.

Tu leur laisses la flexibilité et comme ça, ce sont eux qui se gèrent.

Complètement. Je me suis rendu compte que j'aime créer une boîte, j'aime être à l'impulsion, être au moment où on passe de 0 à 1, où on se lance dans un nouveau projet. Je pense que c'est là où je suis le plus fort et je suis peut-être un petit peu moins fort pour la partie vraiment gestion et faire grandir une entreprise derrière. Donc maintenant que je l'ai identifié aussi, mes objectifs, c'est à chaque fois qu'on commence à faire marcher une activité, c'est recruter les bonnes personnes pour leur déléguer totalement la partie gestion et leur faire confiance totalement. C'est-à-dire qu'Event il y a une personne qui dirige, une autre pour Gifts. Et deux autres personnes sont sur Albus, la troisième boîte, et ils sont beaucoup plus dans l'opérationnel que moi.

Justement, Albus, la troisième boîte, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur cette boîte de jeux sur-mesure ?

C'est une demande qu'on a identifiée, qui est en relation avec l'activité qu'on avait sur Boomrang Events. Il a fallu qu'on crée nos teams building digitaux à faire jouer à nos clients. Et en fait un jour il y a un client, c'était Capgemini le premier, qui est venu nous voir et nous a dit “C'est génial votre jeu, mais est-ce que vous seriez capable de créer un jeu sur-mesure pour nous ? Moi, je veux faire jouer 30 000 salariés, je veux qu'ils aient un moment fun, mais que ça soit autour de nos politiques RSE.” La Casa de Papel est un classique mais ce n'est pas trop autour de la politique RSE de Capgemini. Là, ça montre aussi notre façon de faire. C'est-à-dire que, coup de chance, c'est moi qui ai répondu en plein mois de juillet, à la directrice de communication de Capgemini engineering. Tout de suite, elle m'a fait son brief au téléphone. Je lui ai dit : “Ça tombe bien, justement, on est en train de bosser sur ce nouveau projet et on est en phase de beta. Je vous propose de vous faire une démo dans deux semaines."

Je lui ai vendu exactement ce qu’elle demandait et mes équipes ont créé un évènement sur-mesure pour eux. Là aussi, c'est la force du NoCode, c'est que pendant deux semaines, j’ai pas beaucoup dormis, j'ai mis la main à la pâte cotée tech. J'ai développé cette première plateforme. Deux semaines après, on a fait une démo à Capgemini d’un MVP qui avait été fait sur Bubble, qui fonctionnait et c'était exactement ce qu'elle voulait. On a fait notre premier projet comme ça. On a fait jouer 30 000 personnes, ça a super bien marché.

Chez Boomrang Events, on est capable de commercialiser des offres, mais on n'est pas créateur d'offres. Ça demande pas du tout les mêmes compétences et les mêmes métiers. À ce moment-là, j'ai carrément créé une boîte à côté et j'ai recruté les bonnes personnes pour nous lancer dans la création avec Albus Factory. Là, il a fallu des game designers, des designers, des développeurs, des chefs de projets, des métiers complètement différents de ce qu'on peut faire sur Boomrang Events. On a structuré ça et aujourd'hui, c'est une boîte qui marche très bien. On a fait une dizaine de projets la première année pour quasiment que des grands comptes, où à chaque fois on part d'un brief et on est capable de tout créer, que ce soit un jeu en physique ou en digital.

Ça vous prend combien de temps en moyenne pour développer un jeu, suite à une demande ?

Ça dépend. Si c'est un jeu pour nous, on est capable de le faire en une semaine. On est très rapide. Par contre, si c'est un jeu pour un client, on recommande trois mois minimum. Parce que c'est essentiellement la compréhension du brief, le contenu, les allers-retours, les phases de validation qui vont prendre du temps. La phase de création en elle-même, ce n'est pas la phase la plus compliquée.

Tu as combien de développeurs Bubble en interne ?

Aujourd'hui, on est trois en tout dans l'équipe Bubble. J'ai deux développeurs et moi. J'essaie d'en sortir, mais c'est vrai que quand il y a encore des gros projets je fais mon rôle de CEO en journée et puis de 22h00 à 2h00 du matin je redeviens dev NoCode.

Où est-ce que tu en es au niveau du projet global ? Est-ce que tu as envie de faire une quatrième boîte ou juste de te concentrer sur la croissance de ces trois ?

Oui, il y a toujours des projets qui sont dans les tiroirs. Là, il y a un gros enjeu sur notre activité événementielle. Boomrang Events a été lancé par opportunité pendant le COVIDe et on fait des teams building, des séminaires, des soirées, un petit peu tout… Pour moi, le positionnement n'est pas assez bien défini. On ne vend pas de la même manière un team building à 1 000€ avec un groupe de 20 personnes qu'un séminaire à 300 000€ à l'étranger pour LVMH. Et aujourd'hui, la marque qu'on a créée a du mal à faire cohabiter les deux. On a un ADN beaucoup plus team building, mais nos clients, comme ils ont été satisfaits sur le team building, ils nous font confiance et on se met à organiser des séminaires, des soirées, des projets plus ambitieux. Et le projet qui est dans le tiroir est de séparer nos deux activités pour avoir vraiment la partie marketplace, Boomrang Events, où tu réserveras ton team building de façon beaucoup plus automatisée qu'aujourd'hui.

Et la partie agence, on va créer une nouvelle marque où on interviendra sur tous les projets événementiels ambitieux, que ce soit un lancement de produits, que ce soit une soirée avec des influenceurs, un séminaire à l’étranger tout type de projet événementiel qui nécessite de la créativité et de l’expertise.

C'est très inspirant de voir le parcours de quelqu'un qui commence de zéro et qui saisit les opportunités. Est-ce qu'aujourd'hui, tu pourrais donner des conseils à d'autres entrepreneurs qui envisageraient d'adopter une approche NoCode pour se lancer ?

L’une de nos plus grandes forces aujourd'hui, c’est le NoCode. On est capable, dès qu'on a une nouvelle idée, dès qu'on veut lancer quelque chose, dès qu'on a besoin de s'adapter… Quand il faut faire un ticket, tu mets 3 mois à l'avoir avec des développeurs classiques. Nous, c'est fait à la minute, à chaque fois. Donc, on est capable d'aller très vite. Par contre, il faut trouver les bonnes personnes. Comme ça reste encore des technologies qui sont jeunes, le plus difficile, c'est de trouver ta bonne équipe de NoCodeurs. Et c'est souvent long à former. C'est-à-dire que quelqu'un qui n’est pas bon sur Bubble, s'il se lance et qu'il a aucune connaissance en code et qu'il part vraiment de zéro, les six premiers mois, il va faire n'importe quoi. Et l'app peut marcher, mais elle peut marcher à moitié. Ton développeur va avoir l'impression qu'il a terminé parce qu'il a fait ça pour la première fois.

Donc le principal conseil, c'est oui il faut y aller, ça peut faire gagner énormément de temps, mais il faut réussir à trouver les bonnes personnes. Il faut savoir aussi être patient pour laisser du temps. C'est-à-dire que si on recrute quelqu'un qui ne connaît rien à Bubble, pour moi il y a 6 mois / 1 an d’une courbe d'apprentissage avant que la personne puisse être opérationnelle et efficace sur les projets. Et ce qu'il y a de mieux est d'avoir un cofondateur qui éprouve une appétence tech, qui a envie et qui aime mettre la main dedans. Mon profil, par exemple, j'ai fait une école de commerce mais j'ai toujours eu ce côté un peu autodidacte, où j'aime apprendre par moi-même.

Et ça me paraît important, au moins, qu'un des cofondateurs puisse suivre et comprendre ce qui est fait.

Il y a vraiment une mentalité derrière à avoir, au même titre que développeur tradi, en fait.

Complètement. Je pense que ça dépend des outils. C'est-à-dire que tu as des outils NoCode très simples, tout le monde est capable de faire un Wix par exemple. Par contre, Bubble, pour moi, c'est un peu la Rolls du NoCode. Il se rapproche le plus du code demandant plus des compétences et une façon de penser que doit avoir un développeur tradi. C'est pour ça que j'en ai pas mal parlé avec Dimitri, qui a recruté beaucoup de développeurs dans l'équipe de SuperForge, parce que ce sont les mêmes réflexes. Quelqu'un qui est déjà bon développeur va peut-être avoir besoin d'1 ou 2 mois pour maîtriser l’outil. Il aura tout de suite les bons réflexes en termes de bases de données et de structuration.

Quand tu as recruté tes développeurs Bubble, c'était des gens qui partaient de zéro ou qui avaient déjà un background de développeur ou de NoCodeur ?

J'aime bien les profils atypiques. Chez Boomrang, l'école, l'expérience, je m'en fous complètement. En entretien, c'est vraiment la motivation et puis les valeurs que je vais rechercher. Aujourd'hui, le deuxième développeur, il a un background tech, mais le premier, Benoît, qu'on a recruté, il a bossé 10 ans dans la restauration gastronomique chez Bocuse. Il s'est reconverti au moment du COVID où il s'est rendu compte qu'il ne voulait pas bosser toute sa vie dans la restauration, mais il est passionné de la tech et il s'est mis à suivre une formation NoCode où il a appris vraiment les bases, mais il a surtout appris chez nous.

Est-ce que vous essayez d'autres outils ou vous restez vraiment avec votre stack actuel ?

C'est un peu un entre-deux. Déjà faire notre site vitrine d'Albus sur Webflow, c'était sortir de notre outil parce qu'on était que sur Bubble avant. L'intelligence artificielle, pour moi, il ne faut surtout pas louper le wagon. Là, on est très attentifs sur tous les outils qui sortent, surtout comment les automatiser et les connecter à nos outils existants. Par contre, c'est vrai que sur les autres outils concurrents de Bubble, là, je n'y vais pas. Je sais qu'il y a du WeWeb qui est en train d'émerger. Il y a n8n aussi qui pourrait être concurrent face à Make sur des approches un peu similaires. C'est vrai qu'aujourd'hui, on a plutôt une logique de rester dans les outils qu'on a et de leur faire confiance. Depuis le début, je suis convaincu par Bubble. Je suis très confiant dans les capacités de l'équipe fondatrice et levées de fonds qui prouvent qu'ils ont un produit qui va continuer à évoluer. Donc aujourd'hui, je n’ai pas envie de quitter ni Bubble, ni Make. C'est plutôt sur des nouveaux besoins qu'on pourrait en sortir.

Merci Alexis, pour cet échange et pour avoir partagé ta vision sur le NoCode et sur l’entrepreneuriat. C’est super intéressant !

J’espère que toi, lecteur ou lectrice, tu as autant apprécié cet échange que nous. À la prochaine !

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