Publié le
03
October
2022
Mise à jour le
6
minutes

Startup et autofinancement : une vision pérenne ?

Alicia
Birouste

Dans l’esprit populaire, la notion de succès d’une startup rime souvent avec levée de fonds. Il existe pourtant une autre voie possible, moins connue mais pas forcément moins empruntée : c’est celle de l’autofinancement.

Le but ici n’est pas d’effectuer un comparatif ou de déterminer quel chemin est le bon. Certains projets nécessitent l’un ou l’autre, parfois même les deux. Nous allons simplement explorer les avantages et les limites de ce mode de financement selon notre expérience. À toi de te faire ton propre avis. 😉

Tu es prêt·e ? Let’s go !

Quels sont les bénéfices de l’autofinancement ?

Les deux grands bénéfices à nos yeux sont : l’indépendance et la proximité humaine. Ils sont d’ailleurs très liés.

L’indépendance apparaît sous plusieurs formes.

La première, c’est bien entendu l’indépendance financière. En détenant la totalité de ses parts, on ne subit pas la pression d’un acteur extérieur. En d’autres termes, on n’a aucun compte à rendre sur ce point.

Pourquoi c’est bien ? Parce que le temps passé à chercher des investisseurs est investi ailleurs. Notamment dans la recherche de clients, l’étude de son marché, le recrutement et la satisfaction de ses collaborateurs, la gestion globale de son projet. Ce n‘est déjà pas facile de se lancer, alors si on peut se passer d’un stress supplémentaire. 😅

Cette indépendance financière pousse aussi à mieux structurer sa logique d’investissement sur le long terme et à adopter naturellement la notion de frugalité. D’ailleurs cette notion de frugalité est un vrai état d’esprit (aussi recherché par les grands groupes).

Le concept est simple : dépenser son argent seulement pour des choses utiles, maximiser chaque investissement et ainsi favoriser l’innovation.

Une des formes de l'autofinancement est le bootstrapping.

Concrètement ça signifie quoi ? Voici quelques exemples :

  • Sur le plan RH, on ne recrute que ce dont on a besoin en interne afin de pérenniser notre croissance et de grandir quitte à parfois investir sur un élément extérieur de manière ponctuelle.
  • Pareil sur le plan matériel avec les logiciels qu’on utilise par exemple, en appliquant le test & learn, on voit si l’utilisation vaut vraiment le coup à 100% quitte à développer à la place nos propres ressources.
  • On pourrait également intégrer la question du télétravail dans cette indépendance (Est-ce que le télétravail est moins onéreux que le présentiel ? Est-ce qu’un mix a du sens globalement pour la boîte ?).

En somme, ces contraintes de temps, d’argent et de moyens favorisent l’agilité et l’innovation, un avantage non négligeable pour s’assurer un futur plus pérenne.

Être indépendant dans ses choix permet donc d’aborder SA vision sur le long terme.

La proximité humaine : le pouvoir de rester proche du terrain

Pour bien faire une levée de fonds, il faut y consacrer tout son temps et toute son énergie. Le plus souvent au détriment de l’opérationnel.

Rester proche de ses collaborateurs, c’est s’assurer de conserver des bonnes relations, d’investir sur leur expérience, leurs compétences, de partager des valeurs alignées et ainsi de générer une réelle culture d’entreprise. C’est une vraie force pour aborder l’avenir avec plus de sérénité et affronter ainsi l’adversité.

Un investissement difficilement mesurable qu’il ne faut pas négliger.

De la même manière, il faut rester focus sur ses clients et ses partenaires pour ne pas se déconnecter de son expertise métier.

Sinon comment prendre les bonnes décisions stratégiques ? Parier sur le long terme permet aussi de ne pas se presser, de prendre le temps pour mieux faire et de ne rater aucune opportunité (saisie ou non !).

Pour découvrir l'union de la rigueur opérationnelle, du Nocode et de l'agilité entrepreneuriale tu peux lire Lean Startup : définition, utilisation et NoCode

Quelles sont les limites de l’autofinancement ?

Voici 4 limites que l'on a identifiées :

La croissance se fait plus lentement

Et parfois dans l‘univers des startups, ne pas pouvoir aller vite peut-être synonyme de mort quasi certaine. Cela dépend bien évidemment du domaine. Certains marchés n’ont pas la place pour de petits acteurs, il faut être grand de suite pour se faire sa place, surtout dans le monde du SaaS.

On peut manquer d’accompagnement

En passant par les investisseurs, on a en général toute la panoplie qui va avec : accompagnement, mentoring, réseautage, bonnes pratiques, une sorte de guide pour parfaitement “scaler”. C’est un vrai plus d’être soutenu.

Pour compenser ce manque d’accompagnement en autofinancement, on peut se concentrer sur le réseautage. Se créer des partenaires, des amis pros et partager ce qu’on appelle la culture du win-win alias donnant-donnant, c’est l’assurance de développer des échanges enrichissants, poussant à la réflexion et à aller plus loin dans nos démarches. Une seule rencontre peut tout changer (l’effet papillon tu connais ?).

Parfois ça aboutit en plus à de vraies amitiés. Plutôt cool non ? 😀

Et puis en autofinancement, rien n’empêche non plus de se faire mentorer ou accompagner hein !

On est peu visible

C’est un fait, en autofinancement vous ne serez (quasi) jamais au centre de l’attention des médias, jamais dans les classements des écosystèmes startups, du moins pas au début. Demeurer “dans l’ombre” peut être un vrai problème pour gagner en notoriété, recruter ou pour se faire connaître auprès des clients tout simplement.

Comme dit plus haut, le réseautage, les partenariats ou encore le bouche-à-oreille peuvent apporter suffisamment de visibilité pour être capable de générer suffisamment de chiffre pour gérer les charges quotidiennes et pour songer à l’avenir. Mais il faut être patient.

On peut se sentir dévalorisé

Attention, c’est un coup dur mais il faut en parler. Lancer sa startup en autofinancement peut te faire passer (aux yeux de certains 👀) pour une entreprise peu sérieuse et qui manque d’ambition, un peu comme si tu avais choisi ce business model par défaut après un échec d’une levée de fonds. C’est mon impression, les startups en autofinancement ont l’air d’être moins valorisées que celles ayant levé.

Le bon côté c’est que j’ai l’impression que ça change depuis peu.

En conclusion

Comme dit plus haut, le choix de ton mode de financement va dépendre de ton produit, de ton marché et de ce que tu souhaites faire / ta vision.

De plus, il serait injuste de laisser l’autofinancement comme “mauvais élève”. Après tout, initier et créer un produit ou un service par soi-même n‘est-il pas un gage de succès en soi ? Créer une équipe en mouvement dans une vision commune ou se faire sa place dans un écosystème ne l’est-il pas non plus ?

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