Interview : Freddy Sallaberry
Découvre l’interview de Freddy Sallaberry cofondateur d’AtypikAll, une startup qui repense le recrutement. Nous discuterons de leur plateforme de recrutement anonyme, du marché de recrutement, du NoCode (bien sûr) et des difficultés de la vie d'un entrepreneur. Tu ne peux pas le rater !
“On part du principe qu’une personne est capable de faire des grandes choses à partir du moment où elle est au bon endroit avec le bon accompagnement.” - Freddy Sallaberry
Est-ce que tu peux te présenter et nous parler de ton parcours ?
Je suis le cofondateur d’AtypikAll, une plateforme de recrutement. Mon parcours est plutôt basique mais j’ai fait pas mal de métiers ! 😅
J’ai fait 2 ans d’Epitech, mais le coût des études m’a obligé à revoir mes plans. Suite à ça, l’absence d’un “vrai” diplôme, ne m’a pas permis de trouver un taff dans le civil. Je me suis donc engagé dans l’armée et j’y ai pratiqué diverses fonctions en rapport avec le dev pendant 5 ans.
Peux-tu nous parler d’AtypikAll ?
Oui, bien sûr ! AtypikAll est une plateforme de recrutement anonyme. C’est en créant une communauté sur Discord que l’idée d’AtypikAll est née. On s’est aperçu qu’il y avait des choses à changer dans le recrutement notamment concernant l’égalité des chances.
On ne voulait pas faire un “job board” classique ou faire une plateforme avec de l’intelligence artificielle. On veut simplement apporter de l’anonymisation pour gommer certains biais encore trop présents dans les process et surtout aider les candidats victimes de discrimination (âge, diplôme, genre, origine, nom à consonance étrangère etc.).
Je trouve ce format de recrutement anonyme génial 👌. Du coup, qu'est-ce que tu mets en avant du candidat ?
Déjà, on ne montre ni l’identité de la personne ni ses diplômes. On met son savoir être, son savoir-faire et son potentiel en évidence. On part du principe qu’une personne est capable de faire des grandes choses à partir du moment où elle est au bon endroit avec le bon accompagnement.
Combien de candidats AtypikAll tu as déjà aidé à trouver leur entreprise ?
Depuis qu’on a commencé, 40+ personnes recrutées. On est frustré de ne pas pouvoir aider plus, mais ça va venir !
Peux-tu nous parler de la team AtypikAll ?
On est 2 cofondateurs : Sandra, ma femme, la multicasquette. Elle est sur le produit, le marché et la partie candidat.
Et moi qui m’occupe de la relation avec les entreprises et de développer la plateforme, je suis un peu “le visage public” d’AtypikAll.
Quel est ton business model actuel ?
On est en SaaS avec l’objectif d’aider les TPE et PME à se développer. Parce qu’on se rend compte que dans le monde du recrutement ils sont un peu les oubliés, même s’ils recrutent et ont des super offres.
Notre objectif est d’accompagner ces TPE et de les faire grossir, parce qu’on sait que les premiers recrutements sont les plus galères.
Comment es-tu allé chercher tes premiers clients et utilisateurs ?
Principalement sur LinkedIn ! Jusqu’à aujourd’hui, on a fait que de l’organique via des articles de blog, des lives et beaucoup de posts sur LinkedIn. C’est ainsi qu’on a réussi à avoir 1700 candidats et 90 entreprises qui se sont inscrites sur la plateforme AtypikAll.
On cherche maintenant un moyen pour aider plus d’utilisateurs tout en gardant le process humain, sans casser nos valeurs.
Quel type de métier aides-tu à recruter pour tes clients ?
Au début, on était sur les métiers de la tech, principalement les développeurs. Mais le besoin est beaucoup plus large et maintenant on ouvre donc des nouveaux métiers selon les besoins.
On est sur 6 grands domaines :
- La tech : tous les métiers liés aux dev, à la data.
- Le design : UX, UI, graphiste etc.
- Le commercial : SDR, business développer etc.
- Le marketing et la communication : on a de plus en plus de community manager.
- L’administratif : office managers, RH etc.
- Le management : lead dev, CTO, chef de projet etc.
Quels métiers les entreprises cherchent le plus ? Et aussi, quel type de métiers a le plus de candidats chez AtypikAll ?
Pour les entreprises, il y a 3 grands domaines : la tech, le commercial et le marketing. Ces postes sont souvent les premiers qu’une entreprise va chercher à recruter. Et c’est à ce moment que le ou les fondateurs vont vouloir se faire accompagner.
Actuellement, on a plus de candidats dans la tech étant donné que l’on a démarré avec ce domaine.
Est-ce que tu vois du potentiel dans les métiers du NoCode ?
Oui, les métiers du NoCode vont à mon avis connaître un grand boom. 💥 Quand on voit l’évolution des outils NoCode et leurs usages, on pressent un vrai potentiel.
Utilises-tu le NoCode pour ta plateforme ?
Alors pour info, AtypikAll est fait en NoCode avec Bubble pour la plateforme de recrutement et Webflow pour le site vitrine.
Franchement, je prends autant de plaisir avec le NoCode qu’avec le dev web que j’ai pu faire auparavant.
Je pense que la principale qualité pour un dev reste la curiosité, il se doit donc d’évoluer avec les outils. Je suis également conscient qu’on n’aurait pas pu se permettre de développer une plateforme pendant un an en ayant juste un dev / CTO.
Comment as-tu choisi Bubble et Webflow pour ton projet ?
En discutant avec des gens de la communauté What the Fabrik, j’ai pris connaissance des acteurs du secteur (dont SuperForge, d’ailleurs).
Du coup quand on a décidé de monter AtypikAll, Dimitri nous a écoutés et nous a dit que notre MVP pouvait être fait en Bubble. J’ai été agréablement surpris !
On a alors créé une superbe plateforme en partant de zéro connaissance sur Bubble.
Est-ce que tu utilises d’autres outils NoCode dans ton quotidien ?
Oui, pleins ! Notamment n8n pour faire les automatisations. Il fait le lien avec tous les outils qu’on utilise dans notre quotidien.
Tu peux nous donner quelques exemples ?
Tous les mails sont envoyés par Brevo (ex-SendInBlue). Depuis Bubble on a créé des workflows en passant par n8n pour ajouter une personne à la bonne liste et du coup lui envoyer le bon mail. Il y a aussi une automatisation pour la newsletter.
Un autre exemple, sur Discord quand quelqu’un s’inscrit, on reçoit une notification. Si une entreprise s’inscrit, on reçoit aussi une notification avec le numéro de téléphone pour qu’on puisse appeler rapidement.
Tu as une idée de combien de workflows tu as actuellement ?
Depuis la création d’AtypikAll, on est à entre 20-30 workflows qui tournent en parallèle et au total environ 670 000 requêtes… Pour te dire à quel point on utilise n8n ! 🤯
Tu as toujours utilisé n8n ?
Non, en fait j’ai passé énormément de temps à trouver des solutions open source. Parce qu’on n’a pas les moyens quand on se lance. Mais on a dû trouver des alternatives : on avait commencé avec Zapier mais on s’est vite rendu compte qu’avec la quantité de requêtes journalières que ça n’allait pas marcher. C’est pour ça qu’on a choisi n8n pour faire la même chose mais d’une manière quasi gratuite.
Quelles ont été tes autres difficultés lors du développement de ton projet ?
Il y en a eu plein ! La principale je dirais est le doute, savoir si on va dans le bon sens. Et l’ascenseur émotionnel est difficile à gérer.
Une autre difficulté dont on ne parle pas assez est le fait d’être une boîte de province. Le réseautage est plus compliqué que si tu te trouves dans une grande ville. Notre siège social est situé dans les Landes à proximité de Bayonne mais le bassin de l’emploi reste restreint.
En comparaison on voit des petites boîtes qui se lancent sur Paris et qui, avec la force de leur réseau entre autres, arrivent à se propulser rapidement.
Quel est ton plus gros challenge actuel ?
C’est de faire notre place au milieu des nombreux concurrents qui sortent à ce moment. C’est un peu à la mode les plateformes de recrutement alternatives au CV.
Il faut donc se faire sa place, se rendre unique et aider un maximum de candidats.
Est-ce que tu as déjà recruté pour AtypikAll ?
On aimerait recruter mais on n’en a pas (encore) les moyens. Récemment on a accueilli une stagiaire pendant 1 mois. C’était une excellente expérience !
Une candidate motivée, curieuse, pleine d’énergie et de belles propositions. Elle a su s’adapter à notre rythme particulier (merci la communication asynchrone !).
De notre côté, cela nous a permis de définir les conditions que l’on souhaite mettre en place pour notre future équipe. Onboarding, flexibilité, remote, objectifs… Maintenant on est rodé pour les prochains. Merci Aly d’avoir “essuyé les plâtres” ! (De rien :))
Comment concilies-tu l’entrepreneuriat avec ta vie privée ?
C’est le bordel ! 😅 Quand on a commencé AtypikAll, on faisait l’école à la maison avec 2 enfants. Un enfant de 5 ans et autre de 2 ans, entre-temps il y a la petite dernière qui est arrivée.
Notre grande priorité reste notre vie familiale alors pour pouvoir être tous les 2 épanouis, on jongle, Sandra et moi. Un de nous deux travaille la matinée, l’autre l’après-midi et le soir, après le coucher des petits, on continue à bosser mais ensemble.
La priorité reste la famille ?
Grosse priorité sur la famille, oui ! Ça demande énormément d’efforts car bien souvent on passe nos soirées et week-ends à bosser. Ce rythme nous permet d’être présents dans la vie de nos enfants tout en ayant une activité qui nous plaît.
On part du principe que si tu es bien dans ta vie perso, tu seras beaucoup plus performant au travail. Inutile de rester des heures devant un écran pour ne rien faire, alors on se fixe un objectif réaliste par jour et on s’y tient.
Quelles sont les pistes pour l’avenir d’AtypikAll ?
Oula, y en a plein des pistes ! On a passé l’étape du MVP et on a vu que le marché répondait.
Le MVP est sorti en novembre et on a travaillé la partie commerciale en décembre. En janvier et en février, on a récolté les feedbacks des entreprises et des candidats.
Après cela, on a effectué une première évolution. Et là, on est en train de préparer une deuxième évolution parce qu’on se rend compte que les entreprises n’ont pas assez de temps pour chercher comme on le pensait initialement.
Côté candidat, on a remarqué aussi une perte de motivation parce que tu es dans un tunnel où tu ne vois pas les offres. Du coup, on réajuste, on s’adapte mais sans perdre l’essence même de nos valeurs.
Tu récoltes des retours d’expérience des candidats ?
Oui, et ce retour est très important pour nous ! La plateforme, on l’a imaginée pour et avec eux, alors on veut qu’ils s’y sentent bien. On échange beaucoup sur Discord. Dès qu’on a une idée ou qu’on fait une mise à jour, on sonde d’abord la communauté. Quand on demande des feedbacks aux candidats, ils sont très honnêtes et nous disent ce qu’ils attendent de notre plateforme.
Comment vois-tu le marché de recrutement dans 10 ans ?
Je pense que l’intelligence artificielle va prendre une grosse part du marché. Mais il faut faire attention aux effets de bords. Un exemple, avec Amazon qui s’est rendu compte que l’usage d’une IA peut amener à des comportements discriminatoires. Ça me fait chier, parce que ce n’est pas la vision du recrutement que j’ai… Mais on est là pour apporter notre solution !
Et comment aimerais-tu voir le recrutement de demain ?
Il faut d’abord réussir à réconcilier les deux bords : le candidat et le recruteur. On aimerait être la plateforme qui arrive à leur faciliter le dialogue. C’est pour cela qu’on trouve que l’anonymat est une vraie alternative. Ça remet en valeur la personne d’une façon qu’on ne voit pas sur un CV ou sur un “job board” classique. Ça permet pour l’employeur de se laisser surprendre pendant la prise de contact.
On aimerait que le recrutement de demain soit plus égalitaire, plus éthique. Chaque candidat est unique et chacun mérite de trouver l’entreprise qui lui correspond et ce quel que soit son âge, son genre, sa formation, ses diplômes, son origine ou son expérience…
C’est pour ça qu’on se bat ! 💪
C’était génial cet échange ! Merci beaucoup, Freddy.
J'espère que tu as pris autant de plaisir à lire cette interview que nous en avons eue à la réaliser.