Publié le
30
October
2023
Mise à jour le
7
minutes

Interview : Aude Pilleron de PandaSuite

Stephanie
Menezes
Alicia
Birouste

Dans cette interview, on a eu le plaisir de discuter avec Aude Pilleron, la co-fondatrice de PandaSuite. Aude nous parle de son parcours, de l’évolution de PandaSuite depuis ses débuts en 2015, de la manière dont la plateforme s'est adaptée aux besoins changeants ainsi que du marché des outils NoCode.

“Notre volonté a toujours été d’avoir un outil flexible, ludique, puissant, drivé par les besoins des utilisateurs.” - Aude Pilleron

Hello Aude, est-ce que tu peux te présenter et nous parler de ton parcours ?

Je m’appelle Aude, je suis la co-fondatrice de PandaSuite que nous avons lancé officiellement en 2015. Avant PandaSuite, j'ai travaillé plusieurs années comme consultante en agence de communication. Suite à la rencontre avec mes co-fondateurs, j'ai basculé dans l’aventure PandaSuite. 🐼

Est-ce que tu peux nous parler de PandaSuite ? Sur votre plateforme vous parlez d’outil NoCode le plus flexible.

Pour refaire la petite histoire, l'idée de PandaSuite est arrivée à l'époque où l'iPad explosait. L’iPad offrait un nouvel espace d’expression, un écran qui permettait de raconter des histoires et de créer des contenus interactifs. Personnellement nous étions assez “fan” des applications avec des contenus multimédias, avec beaucoup d'interactivité et une expérience utilisateur hyper engageante.

Il y avait notamment l’application “Our Choice” d’Al Gore, l’une des premières qui a parlé des enjeux climatiques. Elle exploitait vraiment les possibilités techniques de la tablette, les capteurs. On pouvait souffler, il se passait des choses avec l’interaction. Par exemple, si je soufflais sur l'éolienne, elle tournait, et je comprenais l'impact sur la production d’énergie. C’est en étant utilisateurs de ces applications, que nous nous sommes rendu compte à quel point il était encore compliqué de pouvoir en créer. C’est pourquoi nous avons décidé de développer un outil qui permettrait de créer ce type d’applications, très simplement.

C’était en 2015, bien avant qu'on parle de NoCode. On a vu émerger ce terme-là bien après. Aujourd’hui, la démocratisation du terme de NoCode nous aide bien à expliquer les choses. Avant, on devait expliquer en quoi ça consistait à créer une application sans coder.

interface de l'outil nocode pandasuite
Interface de PandaSuite

Et quel était le positionnement de PandaSuite par rapport à d’autres outils ?

PandaSuite s'est vraiment positionné sur la liberté de création, l’aspect graphique et l’interactivité. Notre outil est extrêmement flexible et permet de proposer une expérience utilisateur qui soit vraiment multimédia, riche et interactive.

Une autre force est la capacité de déploiement sur toutes les plateformes.

C’est un outil qui fait du natif, à la base, qu'on pouvait donc télécharger ?

Exact. On a commencé par l’export en natif pour iOS puis pour Android et suite à des besoins utilisateurs, on a ajouté le format web. Aujourd’hui, on permet d’exporter à la fois en format web et en applications natives.

Quel que soit le mode de déploiement, on a à cœur aussi, de permettre des expériences hors ligne. D'où l'importance du natif, même si maintenant grâce à la PWA, on peut également avoir un accès hors-ligne. Il y a plein de situations dans lesquelles nous n’avons pas de connexion. Par exemple, dans un salon ou dans un musée. Le natif nous permet également d’exploiter les capacités natives des appareils, telles que les capteurs.

Quelles sont vos offres ? Il existe deux tarifs : Édition et Diffusion.

Nous avons effectivement 2 types de licences en fonction des usages.

L’édition correspond à l'utilisation de PandaSuite Studio. On avait la volonté, depuis le début, de proposer un compte gratuit pour permettre à tout le monde de rapidement prendre en main la solution et de pouvoir créer l'application, la partager.

On a aussi un compte Pro, qui permet d'avoir un nombre illimité de projets et de pouvoir accéder aux fonctionnalités de gestion de projet, la duplication et le transfert. Ce compte pro il est à 29 euros par mois par utilisateur, ou à 290 euros à l'année.

La diffusion correspond à la diffusion ou l’export de l’application en marque blanche. Nous avons différentes formules en fonction du format de diffusion et du type d’application. Chaque formule correspond à une application.

Et après pour les entreprises, vous avez des choses encore plus spécifiques ?

Au lieu de fonctionner par application, nous proposons aux entreprises une licence par utilisateur qui contient les fonctionnalités Pro et un nombre illimité d’applications. On a donc une offre entreprise qui est adaptée aux enjeux d'authentification, de sécurité et même, pour certaines entreprises, une offre “on premise” installée sur leur serveur.

Pourquoi un Panda ? 🐼

C’était à la base une private joke au sein de l’équipe. À l'origine, nous souhaitions absolument avoir une mascotte. Le Panda nous correspond bien car il évoque la force tranquille.

Ça reflète bien le positionnement de PandaSuite : on a un outil hyperpuissant, robuste, avec plein de fonctionnalités, de nombreuses options de déploiement et en même temps on a toujours voulu garder une couche de fun, de sympathie. 😊

Est-ce que tu as vu une évolution du marché avant et après “NoCode” ?

Bien sûr ! C'est beaucoup plus simple en termes de marketing. En effet, aujourd'hui, lorsque je présente PandaSuite, un outil sans avoir besoin de coder, on ressent tout de suite que le terme “NoCode” est devenu familier et a fait son petit bonhomme de chemin.

Quelles sont les tendances que tu as observées ces derniers temps ?

Ce qui est intéressant, c’est que le NoCode a investi toutes les phases du développement informatique, avec des outils pour le front, d’autres solutions back, couplées avec des solutions d'automatisation. Il y en a pour tous les usages, et il existe maintenant des outils pour répondre aux différents cas d'utilisation et projets d'applications.

Je pense qu’il y a toujours un enjeu de pédagogie. Je vois le travail qui est effectué par des agences, comme la vôtre, ainsi que par des mouvements comme NoCode France. Cela permet une compréhension essentielle pour aider les utilisateurs à trouver les bons outils en fonction des usages et être accompagnés dans leur montée en compétences. Les gens réalisent que même avec des outils NoCode, il y a la nécessité de se former et de comprendre les bases de la donnée et les fondamentaux de l’informatique. Je trouve que c'est une étape intéressante et on vit un moment chouette dans le domaine des outils NoCode.

Comment avez-vous réussi à tirer votre épingle du jeu avec l’émergence de nouveaux outils NoCode ?

Ce qui a fait notre force, c’est qu’on était là avant le NoCode. C’est aussi ce qui fait notre différenciation. On a créé PandaSuite en répondant aux besoins de nos utilisateurs sur l’aspect graphique. À l’époque, c’était principalement des acteurs de la culture (musées) avec qui on travaillait ou avec le secteur de l’édition qui cherchait à digitaliser les supports. Très rapidement on a fait évoluer notre outil en fonction des utilisateurs.

Notre volonté a toujours été d’avoir un outil flexible, ludique, puissant et 100% personnalisable.

Souvent quand on dit NoCode, on parle d’outils qui sont très orientés vers la donnée, et qui proposent des sortes de templates qui se remplissent dynamiquement avec des données. Cette brique a été ajoutée ultérieurement dans PandaSuite au moment de l’émergence du mouvement NoCode.

On a sorti cette nouvelle version (PandaSuite V2) il y a environ 1 an et demi. C’est la flexibilité de l’outil, ses possibilités graphiques, le fait d’être ancré depuis pas mal de temps dans le secteur qui nous a permis d’avoir ce positionnement, un peu unique par rapport à d’autres outils plus axés sur la data.

Vous vous êtes fait accompagner pour développer PandaSuite ou vous avez développé en interne ?

En interne. Mes co-fondateurs sont des développeurs talentueux qui ont une large palette de compétences. Nous avons fait le choix de tout développer en interne, car c’est important pour nous de garder la maîtrise de l’outil. Nous sommes une petite équipe, on est 3, mais on s’appuie sur un réseau, toute une communauté de partenaires pour ce qui concerne la commercialisation et l’intégration.

Quel était le plus gros challenge pour réaliser ce projet ?

En étant une petite équipe, notre principal challenge a été l’organisation du travail, pour s’assurer d’allouer suffisamment de temps et de ressources aux tâches les plus essentielles.

On est passés en full remote après le Covid, donc l’enjeu était aussi de faire le point sur notre organisation.

On a effectué tout un travail d’automatisation pour se concentrer sur les tâches à plus forte valeur ajoutée. Vu qu’on est une petite équipe on n’a pas le choix. On ne peut pas passer du temps sur des tâches qui ne servent à rien.

Comment êtes-vous allé chercher les premiers clients / utilisateurs ?

À l’époque de la création de PandaSuite, on ne parlait pas de NoCode mais plutôt de “digital publishing”. Il y a une communauté de bêta testeurs et des outils qui permettaient de créer de la publication numérique, de faire de la digitalisation des contenus.

On a rapidement trouvé nos premiers ambassadeurs et travaillé avec des écoles de graphisme, notamment avec les Gobelins. On a formé des classes entières à notre outil et on a eu très rapidement une première base d’utilisateurs. Chaque mercredi, nous organisions des ateliers dans nos locaux, l’occasion de rencontrer la communauté, d’échanger, d’avoir des retours utilisateurs…

Nous avons fait le choix d’un outil multilingue, français + anglais pour proposer une expérience à l’international. Dès le début, on a produit tous nos contenus, le site, les tutoriels, le produit en français et en anglais.

Est-ce que tu as vu un changement dans les types d’utilisateurs au fil du temps ?

Bien sûr, j’ai vu un changement et notre outil a également évolué. Au début, on travaillait essentiellement avec des graphistes et au fur et à mesure on a vu arriver des professionnels du marketing, des chefs de projets numériques, des entrepreneurs, des développeurs…

C’est lié à l’aspect très graphique de notre plateforme.

Depuis PandaSuite V2, on a de plus en plus d’entrepreneurs, de développeurs et des profils plus tech. On voulait ajouter cette brique “data” mais sans effrayer ceux qui ne voulaient pas l’utiliser. Nous avons eu un réel enjeu autour de l’interface pour proposer ces nouvelles fonctionnalités, plus techniques pour ceux qui le veulent sans perdre ceux qui souhaitent rester sur quelque chose de plus simple.

Où en êtes-vous aujourd’hui et quelles sont les pistes pour l’avenir ?

Aujourd’hui, on a un outil qui permet un développement multiplateforme. On a mis l’accent sur l’intégration de la data, une nouvelle interface plus simple. En termes de socle technique, on a ce qu’on veut.

Désormais, on va plutôt s’axer sur la simplification de l’expérience utilisateur, continuer à enrichir l’outil de fonctionnalités, de composants. On est à l’affût de nouvelles technologies, il y a l’IA aussi qui est intéressant à coupler dans notre solution. On réalise des tests avec Chat-GPT en ce moment, mais le but ce n’est pas que l’IA remplace le travail des utilisateurs.

L'équipe de Pandasuite
La team PandaSuite

Si tu devais donner 3 conseils à quelqu’un qui devait se lancer sur Pandasuite. Que lui dirais-tu ?

Premièrement, je dirais de reprendre un exemple concret de ce qu’il a envie de réaliser et qu’il n’a pas pu faire jusqu’à maintenant.

Ensuite, de se faire confiance, il faut prendre le temps de se faire confiance.

Et en troisième, le plus important, d’y aller de manière itérative. De faire petit à petit, étape par étape, plutôt que d’y aller à fond et de partir dans l’usine à gaz.

Merci Aude pour toutes ces réponses. C’était très intéressant de connaître davantage l’histoire et l’évolution de PandaSuite !

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